Le 24 septembre 2025, l’HĂ´tel de RĂ©gion a rassemblĂ© tout l’écosystème du rĂ©emploi du bâtiment en Nouvelle-Aquitaine, autour du bilan du dispositif CADRESS. Au programme : tables-rondes, ateliers et Ă©changes pour discuter de l’avenir de la filière rĂ©emploi Ă l’issue de trois annĂ©es de travail intense au plus près des territoires, avec les acteurs de l’ESS impliquĂ©s.
Une filière en mouvement
Depuis 2022, CADRESS joue un rôle clé pour structurer et dynamiser la filière du réemploi des matériaux en Nouvelle-Aquitaine. Trois missions guident son action :
- Renforcer les liens entre les acteurs,
- Initier des partenariats,
- Créer la rencontre entre l’offre et la demande afin de consolider les modèles économiques.
Pour rappel, CADRESS est une coopĂ©ration entre des acteurs de Nouvelle-Aquitaine de l’ESS et de l’Economie Circulaire souhaitant dĂ©velopper la structuration de la filière ESS du rĂ©emploi des matĂ©riaux de construction en Nouvelle-Aquitaine.
Elle est coportĂ©e par l’ADI (Agence de DĂ©veloppement et d’Innovation), ATIS (Association Territoires et Innovation Sociale), la CRESS (Chambre RĂ©gionale de l’ESS), IDRE (Interprofessionnelle DĂ©construction RĂ©emploi), InaĂ© (rĂ©seau d’Insertion par l’ActivitĂ© Économique), OdĂ©ys (Cluster construction et amĂ©nagement durables) et ReNAITRe (RĂ©seau du RĂ©emploi en Nouvelle-Aquitaine).
En trois ans (2022-2025), CADRESS a réalisé un état des lieux de la filière PMCB (Produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment), porté un plaidoyer régional et organisé de nombreuses actions de coopérations et de montée en compétences.
Trois ans d’actions en chiffres
S’ajoutent Ă cela des centaines de moments d’échanges, post-it et un bon nombre de paperboards remplis !
La Nouvelle-Aquitaine : forces, défis et perspectives
Un diagnostic, partagé par les territoires, a mis en lumière :
- Des atouts : des acteurs déjà engagés, un réseau de ressourceries/matériauthèques, un potentiel de gisements ;
- Des fragilités : manque de coordination, difficultés de stockage, modèles économiques fragiles, faible mobilisation des élus ;
- Des objectifs communs : intégrer systématiquement le réemploi dans les marchés publics, consolider les plateformes physiques, développer formation et sensibilisation, structurer la filière autour de pôles territoriaux.
Chaque département a contribué avec ses spécificités aux échanges : de Cognac à Niort, en passant par Limoges, Dax ou La Rochelle, la diversité des dynamiques locales témoigne de l’ancrage territorial du réemploi.
Une filière en mutation
Les échanges de la journée ont rappelé que la filière locale s’inscrit dans un contexte national et international marqué par une demande croissante mais fluctuante (les donneurs d’ordre ne trouvant pas toujours la réponse adaptée) et l’arrivée d’acteurs privés puissants.
L’enjeu du changement d’échelle est évident mais avec aussi le risque de fragiliser les acteurs de l’ESS si la coopération et la mutualisation ne suivent pas.
Le collectif CADRESS insiste sur la chance d’avoir un territoire riche en initiatives, mais rappelle les leviers à activer : professionnalisation, coopération, mutualisation, formation et mobilisation des élus.
Tables rondes : coopérer et mettre en œuvre
Deux temps forts ont rythmé la matinée :
- Table ronde 1 : « Comment coopérez-vous sur votre territoire ? »
Des représentants d’acteurs publics, associatifs et académiques ont partagé leurs expériences de coopération autour de l’écologie industrielle et territoriale, de la formation et de l’expérimentation. Des outils pratiques, comme le guide juridique du réemploi destiné aux artisans du GPV Rive Droite ont été présentés. - Table ronde 2 : « Comment mettez-vous en œuvre le réemploi ? »
Les échanges ont mis en avant des retours d’expériences concrets : diagnostics ressources, chantiers de dépose soignée, plateformes physiques et numériques, intégration progressive dans les marchés publics avec notamment le témoignage de Gérald Masteau, sur le chantier de La Caserne à Grand Poitiers. La diversité des initiatives montre que la filière avance, même si les questions de stockage, d’assurance et de réglementation restent des points de vigilance.
Et demain ?
Les ateliers participatifs de l’après-midi ont aussi ouvert des perspectives sur les outils et ressources matĂ©rielles et immatĂ©rielles pouvant ĂŞtre mobilisĂ©es pour aller plus loin dans le dĂ©veloppement de la filière rĂ©emploi. Voici un Ă©chantillon d’idĂ©es qui ont Ă©mergĂ©es :
- Développer un outil numérique régional en open data pour centraliser ressources et besoins,
- Renforcer les formations (notamment pour les acheteurs publics et les architectes),
- Expérimenter de nouveaux modèles économiques et de financement, en dialoguant davantage avec les éco-organismes,
- Envisager un grand festival rĂ©gional de l’Economie Circulaire,
- Porter collectivement un plaidoyer jusqu’à l’échelle nationale,
- Réaliser une étude économique sur le coût global du réemploi (en prenant en compte la question des coûts évités).
Un mot de conclusion
En conclusion, ces journées CADRESS ont été des étapes précieuses pour progresser dans la structuration de la filière réemploi.
S’adressant à l’auditoire, Anaïs Bovet, coordinatrice de IDRE conclut : « C’est vous, qui faites la filière. Les structures du collectif CADRESS sont juste là pour vous accompagner. La nouvelle marche qui nous attend est celle de la professionnalisation, de la structuration et de la massification. Les compétences et l’envie sont là , chacune des structures du collectif CADRESS à la possibilité d’accompagner acteurs et territoires. »
La suite ? Continuer à coopérer, innover et convaincre pour rendre la filière du réemploi toujours plus viable et visible.

Carte des structures participantes de la journée !